dimanche 30 juin 2013

Pour une poignée de dollars

Titre

Pour une poignée de dollars

Scénaristes

Sergio Leone, A. Bonzzoni, Victor Andres Catena, Jaime Comas, Clint Eastwoo, Duccio Tessari, Fernando Di Leo, Andrés Catena.

Commentaire

Un récit où l'esthétique de l'époque des grands films à spectacle, en cinémascope et en couleur (1964) absorbe une partie de la trame dramaturgique, ce qui en fait une oeuvre assez lente, au demeurant intéressante pour les références qu'elle introduit dans le cinéma contemporain.

1) Points forts
L'objectif simple du héros (Clint Eastwood), qui traverse un village à la frontière du Mexique où deux communautés rivales s'entretuent : mexicains et américains. Il cherche uniquement à venger l'être cher qu'on lui a dérobée dans un passé lointain, puis s'en va.
Les dialogues limités placent clairement les enjeux et les objectifs. Eastwood annonce, à chaque point charnière de la progression du récit, à chaque fois qu'il vient de relever une épreuve, qu'il va soit rester ou partir, et les raisons qui motivent son action. Ou lorsqu'il ne le précise pas, nous le savons déjà par les révélations passées.
On appréciera la mise en scène d'une question existentielle pour Sergio Leone : mon cinéma est-il italien ou américain ? Ici incarné dans le clivage que Eastwood entretient en opposant les deux communautés, mexicaines et américaines, et en se plaçant toujours au centre du débat.
On ne manquera pas de relever les références sur lesquelles s'appuient les cinéastes contemporains, comme Tarantino ou Zemeckis. Tarantino reprend l'ambiance musicale, typographique et les lumières, là où Zemeckis emprunte carrément la fameuse scène du bouclier d'acier qui sauve la vie de notre héros, dans Back to the future 3.

2) Points faibles
L'esthétique qui impose une belle image, et une musique d'Ennio Morricone, rendent certaines scènes parfaitement inutiles ou longues. Ce qui nuit bien sûr à la fluidité de la mécanique générale.
Certaines répliques, isolées d'un contexte explicite lui-même entretenu par des plans trop longs, en deviennent confuses.

3) Le même scénario, réécrit
Le récit gagnerait à réduire la durée des scènes qui n'apportent pas de progression à la ligne dramatique et à supprimer quelques dialogues superflus et conflits de personnages secondaires servant à peine à les caractériser. Au lieu d'1h39, ce film pourrait ainsi nettement être ramené à 1h15. Il reste cela dit le film révélation de Clint Eastwood, d'un grand réalisateur, et d'un genre de western d'une nouvelle génération.

Arzhur Caouissin

mercredi 26 juin 2013

The bling ring

Titre

The bling ring

Scénaristes

Sophia Coppola, Nancy Jo Sales

Commentaire

Une photographie très contemporaine d'une jeunesse matérialiste débridée.

1) Points forts
La qualité des dialogues et des échanges entre les personnages introduit bien le matérialisme ambiant. Ainsi, lorsqu'un agent de la police demande à l'une des membres du gang de petites voleuses si l'incarcération est dure à vivre, celle-ci répond que oui, car la plupart des filles ont dû défaire leurs extensions capillaires.
Les références aux réseaux sociaux et aux usages d'objets connectés est permanent et reflète bien notre époque où la relation virtuelle et fantasmée prend le pas sur le réel sensible. Des pages physiques sur les réseaux sociaux nourrissent le film et peuvent être consultées indépendemment du film pour étendre l'expérience plurimédia du projet. Les scénaristes n'ont cela dit pas omis de bien nourrir aussi les personnages en leur attribuant quelques faiblesses bien réelles. Marc, par exemple, suit volontiers le groupe de jolies filles voleuses parce qu'il est en manque de reconnaissance. Nicki est, elle, très attachée à l'image d'intégrité et de perfection qu'elle renvoie. Une autre des filles veut posséder et se faire valoir pour plaire à un mafieux local.
On appréciera également le rapprochement avec l'autre film de Sophia Coppola, Marie-Antoinette, dans lequel l'héroïne est, de même, très superficielle et, comme Marie-Antoinette, nous fait découvrir les codes de son époque.

2) Points faibles
L'histoire inspirée de faits réels offre une mécanique simple et un peu répétitive. De cambriolage en cambriolage, sans autre enjeu que celui de posséder des biens de marque, l'objectif mince limite l'intérêt du récit. Les relations entre les individus manquent un peu de profondeur. Etait-ce pour révéler le côté superficiel de ce groupe de jeunes ? Probablement. Mais cela affecte également la structure organique du récit.
Le fait par ailleurs que des voleuses agissent sans prendre garde aux caméras, et aux yeux de tous, paraît irréaliste. Cela était sans doute choisi pour renforcer une fois de plus l'aspect superficiel des voleuses, mais altère à nouveau la logique dramatique. Comme Marie-Antoinette donc, le film pâtie un peu d'un manque d'enjeu et d'objectif, quoi qu'il demeure plus efficace que celui-ci. Le recul de l'auteur, sans doute.
On regrettera enfin l'absence de valeur plus universelle. Quelle est en effet la morale du film ? On se doute qu'il s'agit d'une critique de l'époque contemporaine, mais ce second niveau de lecture qui rendrait l'oeuvre universelle manque de clarté. La question de fonds traite pourtant d'une quête de liberté que recherche ce groupe de jeunes en faisant fi des lois et en s'appropriant, par procuration, la réussite des autres.
Les objectifs individuels sont seulement suggérés. Il faut vraiment y prêter attention pour les déceler. Ce qui renforce l'impression de flottement général.

3) Le même scénario, réécrit
Pour renforcer la mécanique dramaturgique, il aurait fallu compenser l'absence d'humanité des voleuses par un enjeu plus fort. Un enjeu individuel plus affirmé et une vraie problématique pour chaque personnage, ainsi qu'un enjeu collectif et universel. L'enjeu collectif aurait dû affirmer plus nettement la soif de liberté commun à chacun des ados en proie aux cambriolages. Hélas, le film ne tient que grâce au suspens de l'arrestation, et pas par l'addition organique et chorale des différents enjeux. Il reste cela dit un des films les mieux rythmés de Sophia Coppola.

Arzhur Caouissin

lundi 10 juin 2013

| Blake Snyder : Leçon de dramaturgie |

Eteint en 2009 à 52 ans, Blake Snyder était l'un des plus influents script doctor de Hollywood. Bien que chaque oeuvre relève un caractère spécifique, il y a des règles qui en font un récit universel. Voici un brillant résumé de sa trilogie livresque intitulée "Save the cat".

Leçon de scénario, selon l'oeuvre de Blake Snyder, sur Back to the futur. Dans cette démonstration, l'auteur reprend les 15 points structurels fondamentaux de toute oeuvre audiovisuelle commerciale qui se respecte, et qui n'indispose pas la créativité et l'inventivité. C'est simplement ainsi que l'on raconte des histoires depuis la plus haute antiquité.