mercredi 26 juin 2013

The bling ring

Titre

The bling ring

Scénaristes

Sophia Coppola, Nancy Jo Sales

Commentaire

Une photographie très contemporaine d'une jeunesse matérialiste débridée.

1) Points forts
La qualité des dialogues et des échanges entre les personnages introduit bien le matérialisme ambiant. Ainsi, lorsqu'un agent de la police demande à l'une des membres du gang de petites voleuses si l'incarcération est dure à vivre, celle-ci répond que oui, car la plupart des filles ont dû défaire leurs extensions capillaires.
Les références aux réseaux sociaux et aux usages d'objets connectés est permanent et reflète bien notre époque où la relation virtuelle et fantasmée prend le pas sur le réel sensible. Des pages physiques sur les réseaux sociaux nourrissent le film et peuvent être consultées indépendemment du film pour étendre l'expérience plurimédia du projet. Les scénaristes n'ont cela dit pas omis de bien nourrir aussi les personnages en leur attribuant quelques faiblesses bien réelles. Marc, par exemple, suit volontiers le groupe de jolies filles voleuses parce qu'il est en manque de reconnaissance. Nicki est, elle, très attachée à l'image d'intégrité et de perfection qu'elle renvoie. Une autre des filles veut posséder et se faire valoir pour plaire à un mafieux local.
On appréciera également le rapprochement avec l'autre film de Sophia Coppola, Marie-Antoinette, dans lequel l'héroïne est, de même, très superficielle et, comme Marie-Antoinette, nous fait découvrir les codes de son époque.

2) Points faibles
L'histoire inspirée de faits réels offre une mécanique simple et un peu répétitive. De cambriolage en cambriolage, sans autre enjeu que celui de posséder des biens de marque, l'objectif mince limite l'intérêt du récit. Les relations entre les individus manquent un peu de profondeur. Etait-ce pour révéler le côté superficiel de ce groupe de jeunes ? Probablement. Mais cela affecte également la structure organique du récit.
Le fait par ailleurs que des voleuses agissent sans prendre garde aux caméras, et aux yeux de tous, paraît irréaliste. Cela était sans doute choisi pour renforcer une fois de plus l'aspect superficiel des voleuses, mais altère à nouveau la logique dramatique. Comme Marie-Antoinette donc, le film pâtie un peu d'un manque d'enjeu et d'objectif, quoi qu'il demeure plus efficace que celui-ci. Le recul de l'auteur, sans doute.
On regrettera enfin l'absence de valeur plus universelle. Quelle est en effet la morale du film ? On se doute qu'il s'agit d'une critique de l'époque contemporaine, mais ce second niveau de lecture qui rendrait l'oeuvre universelle manque de clarté. La question de fonds traite pourtant d'une quête de liberté que recherche ce groupe de jeunes en faisant fi des lois et en s'appropriant, par procuration, la réussite des autres.
Les objectifs individuels sont seulement suggérés. Il faut vraiment y prêter attention pour les déceler. Ce qui renforce l'impression de flottement général.

3) Le même scénario, réécrit
Pour renforcer la mécanique dramaturgique, il aurait fallu compenser l'absence d'humanité des voleuses par un enjeu plus fort. Un enjeu individuel plus affirmé et une vraie problématique pour chaque personnage, ainsi qu'un enjeu collectif et universel. L'enjeu collectif aurait dû affirmer plus nettement la soif de liberté commun à chacun des ados en proie aux cambriolages. Hélas, le film ne tient que grâce au suspens de l'arrestation, et pas par l'addition organique et chorale des différents enjeux. Il reste cela dit un des films les mieux rythmés de Sophia Coppola.

Arzhur Caouissin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire