samedi 30 novembre 2013

Les garçons et guillaume, à table !

Titre

Les garçons et Guillaume, à table !

Scénaristes

Guillaume Gallienne.

Commentaire

Une comédie de bons portraits, mais sans structure et tellement commentée. Bouh !

1) Points forts
La caractérisation des personnages est fournie. On sent la présence du comédien dans l'écriture.
On apprécie aussi quelques mises en scène imagées où, par exemple, Guillaume se laisse exagérément mourir d'une noyade en public car l'homme qu'il pensait aimer en pince pour une autre.
On notera enfin la clarté du rapport psy de l'histoire où la révélation de chaque personnage trouve écho dans une fin heureuse à la sauce freudienne.


2) Points faibles
Le scénario est littéralement plombé par l'intrusion répétée de Guillaume, lui-même, qui raconte ce qu'il faut voir et comprendre, en off, sur scène, devant son psy, alors que l'enjeu de se découvrir soi aurait été suffisant dans une narration nourrie exclusivement par l'action.
Mais dès les premières scènes, on devine que notre personnage n'a pas d'objectif et vit dans un univers qui n'en a pas non plus. Du coup, à part subir les relations conflictuelles les unes à la suite des autres, intéressantes au demeurant, mais non organiques, on sent le temps passer même si l'on sourit un peu.


3) Le même scénario, réécrit
Au lieu de rattraper la trame du récit à l'aide de commentaires qui tentent de captiver l'attention pour palier à un défaut d'action, il aurait fallu donner à chaque personnage un véritable but et laisser la mise en scène illustrer, sans les commenter, les conflits et l'émotion. Les rustines de ce film nous empêchent d'atteindre l'oeuvre profonde que l'on aurait apprécier rencontrer sur ce sujet de l'homosexualité, qui, pour une fois dans une comédie française, promettait de ne pas être traité avec lourdeur mais d'une agréable drôlerie. C'est parie remise.

lundi 11 novembre 2013

Gravity

Titre

Gravity

Scénaristes

Alfonso Cuaron, Jonas Cuaron.

Commentaire

Un sujet qui justifie, enfin, l'emploi de la 3D.

1) Points forts
Le thème de la gravitation tapisse le récit du titre à la moindre émotion et naturellement, à chaque image.
On voulait un film qui justifie l'usage de la 3D, c'est fait. Gravity illustre de manière efficace l'ampleur du vide spatial en jouant du rapport d'échelle, d'ombre et de lumière, et de la profondeur de champ. La spatialité apportée par la 3D saura réconcilier les traditionnalistes avec le cinéma en relief.
Mais, plus profond que cela. La gravité résonne aussi dans les scènes d'émotion. Puisque le personnage principal, ici incarné par Sandra Bullock, se voit tirraillé entre le désir d'abandonner et de tenir bon, alors happé par le vide et sans moyen de regagner la base qui le relie à la Terre. Cette oscillation entre fatalisme et espérance agit en somme comme la gravité, entre rien et tout, de manière élastique et parfois incontrôlable. Le récit trouve donc un écho brillant autant dans le fond que dans sa forme.
Nous apprécierons aussi les clins d'oeil à Stanley Kubrick (2001 Space Odyssey) et notamment ce subliment turning point, où Sandra Bullock apparaît épuisée, en position foetale en contre jour d'une lumière céleste, alors qu'elle vient de vivre un traumatisme. Puis, cette renaissance freudienne qui ne l'a pas tuée et la rend plus forte, où elle décide de s'éveiller pour devenir l'héroïne, révélée, qu'elle n'osa jamais être et qui ne subira désormais plus les choses, comme auparavant. Seule, au pied du mur, elle choisit de s'imposer.

2) Points faibles
On regrettera la lourdeur induite par les effets sonores, qui pour le coup rompent avec cette gravité et cette solennité pourtant propices. L'espace est normalement muet, doit-on le rappeler ?
Une grande efficacité dramatique génialement réduite à une comédienne et, malgré tout, de nombreux silences. Mais ceci grâce à un artifice un peu pesant : la sempiternelle course contre la montre. Un obstacle entraîne un autre obstacle et à chaque fois le risque de mourir est reconduit, par un manque d'air, ou des débrits volants, une console en caractères chinois indéchiffrable. On aurait aimé un peu plus d'enjeu humain dans ce dispositif.

3) Le même scénario, réécrit
Il suffirait de retirer la moitié des effets sonores pour rendre le récit plus juste, plus pur et plus éblouissant. Hélas, Hollywood ne sait pas faire sobre. Il fallait impacter. Dommage.
De même, le Dr Rayan Stone (S Bullock) n'a pour enjeu que de revenir sur Terre pour raconter son histoire et accepter son passé. Il lui manque sans doute celui de rapporter un message de son compagnon abandonné dans le vide (G Clooney) pour motiver réellement son retour (la mission), alors même que l'on nous apprend qu'elle pourrait se contenter de mourir ici, car elle nous montre au fond qu'elle est déjà réalisée. Erreur. Le héros ne doit se réaliser qu'à la fin du récit. D'où un sentiment d’essoufflement qui peut apparaître en fin de parcours, plus physique que moral. Heureusement, le film est court et le subterfuge comble l'absence d'action plus organique.
Le récit apporte cela dit un bon traitement global de par le rapport établi entre sa mise en scène et les techniques graphiques déployées. On apprécie.