mardi 9 septembre 2014

The Lady

Titre

The Lady

Scénaristes

Rebecca Frayn.

Commentaire

Un biopic qui pêche par un manque sérieux de placements et une dualité trop manichéenne.

1) Points forts
Le rythme est sans nul doute ce qui sauve ici le scénario. Il n'y a pas d'attente malgré les manques structurels.
On appréciera aussi la progression croissante des points de tension et leur mise en évidence par des dialogues peu bavards.

2) Points faibles
Les faits ne sont pas nourris. Les enjeux sont convenus. Le dictateur est méchant mais on ne sait pas vraiment pourquoi ni ce qui le motive à rester en place. Quels sont ses intérêts ? Ses opposants sont désirés sans aucune réticence.
L'ambiance sonore et les jeux de cadre écrasent littéralement celui des comédiens et leur mise en scène. L'émotion est ainsi conduite et rend le film artificiel et attendu.
Une fois la dame élue par le peuple malgré les intimidations du dictateur, on passe à un autre enjeu qui est celui de la mort du conjoint. Cela aide certes à apporter de l'émotion mais pas à clarifier le récit. Le conjoint prend ainsi une place considérable dans l'oeuvre alors que nous ne savons rien des actions politiques que défend Aung San Suu Kyi. On dérive un peu vers un autre sujet à défaut sans doute d'avoir trouvé assez concluant le fait de voir la dame libérée et promise à un avenir politique plus serein.

3) Le même scénario, réécrit
D'abord, il conviendrait de renforcer l'empathie autour du dictateur, afin que nous comprenions les raisons qui motivent son attachement au pouvoir, ce qui renforcerait implicitement les actions et les choix engagés par l'héroïne. Il serait en effet intéressant de montrer en quoi exactement la dame a tissé une rancoeur contre ce dictateur, bien qu'on se doute évidement de la chose, mais toute action doit toujours être nourrie en dramaturgie. La dame s'engage outre le fait que cet horrible dirigeant est absolument terrifiant et meurtrier avec ses pairs. Quels sont par exemple leurs regards respectifs sur l'économie, l'éducation, la religion, et tant de sujets de société ? Il n'aurait alors pas été nécessaire de combler la baisse d'attention par le poids de la mort du conjoint.
Et donc, réduire l'impact du cancer qui ronge l'époux afin de ne pas désorienter le spectateur sur une autre problématique, qui pour le coup peine à faire le poids face à l'enjeu pour tout un peuple de gagner la démocratie. Même si cette dualité a, un moment, été soulignée, lors du dernier noeud dramaturgique, quand la dame doit choisir entre retrouver son mari mourant ou sauver son pays, mais de là à étayer la scène sur près de 20mn, ce n'est pas utile et perturbe clairement la ligne dramaturgique globale. Encore une fois, les effets et les artifices ne servent jamais une oeuvre si elle n'est pas nourrie.

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