dimanche 9 novembre 2014

Interstellar


Titre

Interstellar

Scénaristes

Jonathan Nola, Christopher Nolan

Commentaire

Une fiction documentée sur la fin de notre civilisation, mais irréaliste tant l'emprise des problèmes individuels absorbe les enjeux universels.

1) Points forts
Dans cette histoire où une équipe de scientifiques décide de percer le secrets d'autres galaxies, à l'aulne de notre propre civilisation, les personnalités de chaque individu sont très bien nourries, compte tenu du temps effectivement attribué pour leur mise en place (le film dure 2h50).
Les différentes étapes de progression du voyage intergalactique reposent, de plus, sur des données réelles. Il est en effet possible de rencontrer des portes de verre (couloirs du temps) selon la recherche astronomique. Il est également plausible de graviter autour d'un trou noir afin de tirer partie de son inertie pour avancer dans l'espace, mais contre un ralentissement important du temps. La géologie peut également se développer sous d'autres formes, dans d'autres galaxies, mais avec des échelles et des rapports à la gravité bien différents. Les spectateurs des séries Les mystères de l'univers et Alien theory, sur RMC Découvertes, en auront pour leur argent.

2) Points faibles
L'enjeu colossal de sauver la Terre en trouvant une planète habitable face à celui, trop personnel, de revoir ses enfants, pour un homme désabusé qui ne croît plus en son prochain, semble peut affecter les scientifiques chargés de sauver le monde. Il paraît en effet invraisemblable que l'on envoie des humains sauver la Terre, alors qu'ils apparaissent manifestement psychologiquement très fragiles, suicidaires, colériques, amoureux, loin des proches dont ils ne peuvent se passer et risquent à tout moment de se perdre. Ainsi, le récit attribue une dimension trop importante pour les relations sociales alors que l'enjeu humaniste, de civilisation ou militaire devrait prédominer.
La musique angoissante et assourdissante vient également plomber la lecture de l'épopée. On sent le rafistolage pour maintenir l'attention d'un film trop long qui se perd dans les problèmes psychologiques personnels.
Le héros, Cooper (Mattew McConaughey), semble enfin terminer sa course par un extraordinaire deus ex machina qui le propulse d'un univers à l'autre, on ne sait comment, et ce malgré l'effort d'écriture sur les imbrications de ces différents espace-temps jusqu'à lors mis en scène. Tout ça pour ça ! Quel dommage !
On ne perçoit pas, enfin, les implications des découvertes effectuées lors de ce voyage, dans le devenir de notre civilisation, trop étouffées par les rapports sociaux.

3) Le même scénario, réécrit
En retirant une bonne partie de la bande son, on mettrait en évidence les scènes de conflits personnels bien trop imposantes. Et en les réduisant à une simple expression, une phrase par personnage, une pause, le film reprendrait sa dimension dramatique plus globale, plus universel, avec une rythmique plus efficace et au passage moins glauque (la musique est un agglomérat réverbérant de sons métalliques stridents). On reste encore assez loin de l'oeuvre de Stanley Kubrick de 1968. Un film qui se laisse voir, une fois, peut-être.

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