vendredi 10 janvier 2014

Yves-Saint-Laurent

Titre

Yves-Saint-Laurent

Scénaristes

Jalil Lespert, Marie-Pierre Huster, Jacques Fieschi.

Commentaire

Une oeuvre sensible et des personnages très bien interprétés qui parviennent à compenser un enjeu limité.

1) Points forts
La caractérisation de ce duo entre Pierre Berger et Yves-Mathieu Saint-Laurent fonde la base du récit. Le premier, Pierre B, apparaît rigoureux dans la finance et guide son conjoint par procuration, au prix de nombreux compromis. YSL, quant à lui, ne peut réaliser son art sans le soutien du premier. Ainsi, les enjeux se dessinent progressivement. Yves apparaît fragile, suicidaire, facile à dérouter, et incapable de survivre sans soutien. Rappelons la scène où il tente une caresse sur un inconnu lors d'une soirée arrosée, il se fait alors tabasser immédiatement puis immortalisé dans une position équivoque par les paparazzi. Il risque à tout instant de basculer.

2) Points faibles
La passion des auteurs pour le style du couturier semble dominer sur la nécessité de clarifier un peu plus les enjeux. Qu'adviendrait-il en effet si YSL ne parvenait pas à se réaliser dans on art ? On sait qu'il en souffrirait, mais on ne perçoit pas jusqu'à quelle limite. En mourrait-il ? La marque en souffrirait-elle ? Celui qui se questionne le plus est finalement Pierre Berger. C'est d'ailleurs lui qui lance YSL et c'est lui qui pérénise son oeuvre postume. C'est encore lui qui décide de tout céder une fois la page tournée. Le besoin que YSL a de se réaliser n'est que l'élément déclencheur. Il nous manque une décision finale qui l'amène à se réaliser pleinement. C'est bien Pierre Berger qui subit tout, qui vit le plus de questionnements et dont les actions sont les plus déterminantes, de renoncements, de dévotion et de passion camouflée. YSL, l'artiste, reste pur dans sa folie grandissante, de bout en bout. Mais il n'évolue pas.

3) Le même scénario, réécrit
En plaçant Pierre Berger comme personnage secondaire, les auteurs sont sans doute passés à côté d'une meilleure intrigue, pour mieux centrer l'oeuvre sur le culte du styliste bien sûr. L'oeuvre bénéficie heureusement d'une superbe interprétation que seul le scénario ne saurait contenir. Si l'on ne devait considérer que la forme scénaristique, il aurait fallu permuter l'axe de la narration en le centrant sur Pierre Berger, celui qui vit le plus de questionnements. Le film n'en demeure pas moins un très beau biopic, à ne pas manquer.

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