dimanche 9 mars 2014

The grand Budapest hotel

Titre

The grand Budapest hotel

Scénaristes

Wes Anderson, Hugo Guiness

Commentaire

Délicatesse et candeur britannique offrent un ovni poétique et absurde dans un monde de brutes d'entre deux guerres. Le film s'attarde hélas sur sa photogénie au détriment d'une trame narrative un peu floue.

1) Points forts
L'idée qu'en toute circonstance il faut rester digne, même dans le meurtre, le vol ou la séduction, trouve écho dans la mise en scène où chaque plan trouve aussi, même dans le meurtre, la violence et la duperie, son axe, ses couleurs, son décors et du temps pour le représenter.
Les accessoires qui accompagnent les personnages dans leur caractérisation contribuent au déroulement organique du récit. Par exemple, Mr Gustave (Ralph Fiennes), en vrai gentleman, prend toujours le temps d'étayer le pour et le contre de chaque situation et de s'assurer qu'aucune déconvenue ne pourrait interférer, face à telle ou telle action, avant d'agir. Ainsi, il se met tout seul dans des situations embarrassantes lorsqu'il est, par exemple, poursuivi par ses ennemis et qu'il ferait mieux de courir pour leur échapper. La distance que son flegme entretient avec la dure réalité d'un monde entre deux guerres lui offrent des arguments pour se tirer, à l'inverse, de situations complexes. Ainsi, emprisonné, au lieu de subir le mépris d'autres incarcérés, en prenant soin de bien leur servir leur soupe et qu'elle ne soit pas trop salée et corresponde à leur éventuel appétit, il tisse des relations amicales qui l'aideront, plus tard, à s'évader.
Même la décor apporte son lot d'idées. On apprécie par exemple l'hommage que le réalisateur fait à Léa Seydoux, qu'il met en scène, en lui faisant déplacer un tableau de deux femmes homosexuelles (de Schiele), rappel du film La vie d'Adèle, histoire de lesbiennes, où elle y joue le premier rôle. 

2) Points faibles
Les dialogues verbeux plombent la trame organique au point de laisser le spectateur perdre le fil du récit. Les objectifs et enjeux n'étant pas définis dès le début, on s'impatiente de savoir où l'on nous embarque. Bien que le maître d'hôtel nous dévoile son intérêt pour l'héritage d'un tableau de maître, nous ne savons pas pourquoi il est si important pour lui, ni ce qu'il risque à ne pas l'avoir, lorsque d'autres refusent, en face, qu'il obtienne sa part du testament dont il est honoré. C'est seulement à la fin du film qu'on découvre l'ampleur et le rôle que l'héritage apportera dans son quotidien : la fortune que cache en réalité ce premier héritage. L'enjeu, quand à lui, qui est de sauver sa peau à cause d'héritiers jaloux et revanchards, se manifeste au fur et à mesure, ce qui peut avoir l'air suffisant, mais on ne mesure alors pas assez pourquoi, dès le départ, il est si vital pour notre héros de gagner cet héritage bien qu'il vive aisé, dans un grand et luxueux hôtel.

3) Le même scénario, réécrit
La menace de la guerre devrait mettre en péril l'équilibre financier du héros, pour ainsi l'obliger à récupérer à tout prix son héritage qu'on tente de lui retirer et ce, malgré l'honneur dont il témoigne et malgré la passion qu'il peut avoir pour ce tableau. Ensuite, il devrait très rapidement savoir quelle autre incommensurable fortune (un palais, une grande pâtisserie, de l'argent) sont en jeux avec les autres héritiers pour l'inviter à se battre encore plus, pour l'honneur si précieux à ses yeux cette fois, afin qu'une telle somme ne parvienne pas aux horribles meurtriers qui ont, nous l'apprenons d'ailleurs, assassiné leur vieille tante pour l'héritage. Parvenant à ses fins : révéler l'assassinat, il aurait, comme le prévoit l'actuel scénario, bénéficié d'un testament bis à lire "en cas d'assassinat" pour seulement récupérer ladite fortune. Ainsi, le fil du récit aurait adopté des traits et des mécanismes plus organiques et impliquant une action plus causale et passionnante.
Le talent du réalisateur, heureusement, avec ses nombreux clin d'oeil oniriques à la sauce Jeunet et l'effort de sa mise en scène, nous aident, de justesse tout de même, à absorber ce récit.

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